Lorsque le sage montre les étoiles, le simple regarde le doigt
Mon
travail procède de cette simplicité. Les cieux ne m'intéressent pas. Je
leur préfère ce qui est là, sous notre nez et manifeste, malgré une réelle
furtivité. Ma démarche est analytique mais également ludique.
Sillonnant les marges et les bordures, je joue et me joue de l'image
afin d'explorer les projections psychologiques et perceptives, usant si
nécessaire du rejet. C'est pourquoi même si mon travail est fortement
conceptuel, il réclame avant tout l'expérience de l'œuvre.
Les
anticipations perceptives et interprétatives de celui qui regarde
tentent de modeler l'objet. Or, c'est précisément cette lutte qui est
au cœur de ma recherche, parce qu'elle ouvre sur la construction du
sens et sur sa propre altérité.
Ce sont les regardeurs qui font le tableau
Autrement
dit ce ne sont pas les propriétés des tableaux qui en font des
tableaux, mais les propriétés du regard. Il m'est alors apparu amusant
et primordial de réaliser des œuvres sans objet, sans concept. Ainsi
seulement pouvait-on faire du regard la notion centrale de l'œuvre. Ce
travail unique propose de vivre une expérience concrète de la création
du sens, au delà du vertige qui naît de l'évanouissement de nos
références. Loin d'une finalité, l'image est ici transfigurée en
véritable matériaux de création. Elle permet de se jouer des attentes,
parfois même de les déjouer. Entraîné en marges, le spectateur devient
sans aucune utopie, libre d'affronter ce qui n'a pas encore de
signification. Il lui appartient d'oser lui donner forme pour qu'elle
existe et se partage.
Ce
très court texte qui présentait une partie du travail* d'Olivier
Beaudet fut édité dans un petit livre tiré à 100 exemplaires. Je crois
qu'il date de 1998, peut-être 1999.
* principalement la série des réalités subjectives, quelques photocopies et quelques images numériques comme les portraits-robots
iconographie : olivier beaudet, Paysages - bord de mer, diapositives, 1999